Publié le 22 novembre 2024
AURÉLIE LÉVESQUE, AGR., EXPERTE-CONSEIL RUMINANTS / VÉGÉTAL
La quantité et la qualité du lait produit par les vaches peuvent être influencées par différents facteurs, entre autres la santé ruminale, la qualité des fourrages, le stress thermique ou la génétique. D’autres facteurs clés d’une production laitière optimale sont la gestion de la mangeoire, combinée à la qualité des rations qui s’y trouvent. Ils seront les sujets de cet article puisqu’il est facilement possible de les améliorer, et ce, rapidement. Les autres éléments mentionnés ci-dessus sont très importants, certes, mais ne peuvent pas être contrôlés entièrement par les producteurs, en plus de ne pas pouvoir les améliorer dans un court délai. De plus, la gestion de la mangeoire et la préparation de la ration doit se faire tous les jours, ce qui fait d’elle un élément primordial quant à la santé ruminale et à la production d’une grande quantité de lait de bonne composition.
En pratique, il y a 3 types de rations, soit la ration calculée, la ration préparée et la ration consommée. La ration calculée est un mélange d’ingrédients qui permet de satisfaire les besoins des animaux. Elle est générée par un logiciel qui permet de faire un mélange avec le plus faible coût possible. La ration préparée, quant à elle, respecte les ingrédients et leur quantité déterminée par calcul, mais peut varier à cause des instruments utilisés lors du mélange, de la personne qui effectue le mélange, de la séquence de chargement, etc. Finalement, la ration consommée représente ce qui est réellement ingéré par les animaux et peut donc être influencée par la densité animale, par la distribution des aliments à la mangeoire, etc. (Moallem et Lifshitz, 2020). Le tri de la ration par les animaux est aussi un facteur qui affecte la ration réellement consommée et c’est pourquoi il existe des méthodes d’alimentation qui permettent de contrer cette problématique.
La ration totale mélangée (RTM) est l’une de ces méthodes. Elle permet de mélanger tous les ingrédients nécessaires pour combler les besoins des vaches à des proportions précises pour ne former qu’un seul aliment. Pour les fermes où la traite est robotisée, la RTM devient une RPM, l’acronyme de ration partiellement mélangée, comme les vaches reçoivent certains concentrés directement au robot. C’est une méthode très populaire chez les producteurs puisque ce type d’alimentation permet aux animaux de prendre des bouchées uniformes et balancées au niveau nutritif. Elle permet aussi de diminuer le triage et la séparation des ingrédients par les animaux, comparativement à des aliments qui sont servis les uns à la suite des autres. Dans ce dernier cas, les vaches peuvent consommer les concentrés en plus grande quantité et plus rapidement par rapport au fourrage. Cela peut faire diminuer le pH du rumen (acidose) et affecter les bactéries qui y sont présentes ainsi que la production d’acides gras volatils, des précurseurs du gras du lait (Moallem et Lifshitz, 2020).
Mais vous savez que même si l’on mélange tous les ingrédients ensemble, les vaches sont tout de même capables, trop souvent, de trier leur ration.
Afin de mettre toutes les chances de notre côté et de leur compliquer la tâche, plusieurs facteurs sont à considérer lors de la préparation de la ration totale mélangée comme la qualité et la quantité des ingrédients, la séquence d’incorporation, le temps de mélange, l’utilisation d’équipements adaptés et en bon état et finalement, la distribution adéquate de la ration.
Un outil d’analyse de gestion de l’alimentation et des mangeoires peut être utilisé par les experts-conseils pour s’assurer que les vaches ne font pas de tri dans leur ration et que celle-ci est identique pour tous les animaux, du premier au dernier servi dans la mangeoire. Il s’agit des audits de ration totale mélangée (audit RTM). Lors de ces audits, les professionnels observent et analysent plusieurs paramètres afin de déterminer si les mélanges sont bien effectués. Dans le cas contraire, les audits de ration totale mélangée permettent de déterminer les causes du problème et de les corriger. Les audits RTM sont donc des outils fiables pour comparer les rations préparées et consommées (Moallem et Lifshitz, 2020).
Les audits RTM se font en plusieurs étapes. Il faut mentionner ici que le producteur reçoit la consigne de préparer la RTM comme à l’habitude, afin de ne pas induire de biais dans l’analyse. Avant le mélange, l’expert-conseil analyse la qualité des aliments de façon individuelle et valide la matière sèche des ensilages (Marquis, 2022). Par la suite, il évalue l’usure du matériel, le temps de mélange, la grosseur du chargement, l’angle du mélangeur, l’endroit du chargement des aliments dans le mélangeur, la longueur du foin ou de la paille, la séquence de chargement des aliments, la distribution des liquides, la vitesse de la vis du mélangeur et l’état des plaques de retenue ajustables s’il y a lieu. Pendant tout le déchargement de la RTM à la mangeoire, des échantillons pris à intervalle régulier sont passé au Penn State pour valider et comparer la distribution de la grosseur des particules. Finalement, une caméra de surveillance peut être installée sur une période d’une semaine afin de prendre des photos de la mangeoire, de regarder le comportement alimentaire des vaches et de valider la durée pour laquelle les vaches ont accès à des aliments dans celle-ci.
Les audits RTM devraient être réalisés tous les ans, sur toutes les fermes qui utilisent ce type d’alimentation. En effet, cela permet d’identifier des problèmes parfois silencieux ou, dans d’autres cas, de s’assurer que tous les aspects de la préparation de la RTM respectent les normes au fil du temps. De plus, il s’agit d’un exercice facile et assez rapide. N’hésitez pas à demander plus d’informations à ce sujet à votre expert-conseil.
Source :
Moallem, U. et Lifshitz, L. (2020). Accuracy and homogeneity of total mixed rations processed through trailer mixer or self-propelled mixer, and effects on the yields of high-yielding dairy cows. Animal Feed Science and Technology, 270. https://doi.org/10.1016/J.ANIFEEDSCI.2020.114708